La bêtise de Cambrai

Nord Pas de Calais

Aucun commentaire Catégorie : Confiserie

Description

Fierté de la ville de Cambrai, souvent copiée1, la bêtise est un bonbon de sucre cuit étiré, parfumé à la menthe, de la forme d’un petit coussin de couleur blanche traversé par une rayure dorée de caramel.

Ce bonbon rectangulaire (2 centimètres de long sur 1,5 de large et 1 d’épaisseur) et bombé ne contient que du sucre, du glucose et de l’essence de menthe. Selon le fabricant Afchain, le sucre cuit est obtenu par la cuisson dans le vide d’un mélange de 60 % de sucre et de 40 % de sirop de glucose. Puis la masse de sucre cuit, étirée sur un batteur, incorpore alors des bulles microscopiques d’air et blanchit. Au cours de l’étirage, on ajoute également le parfum, une menthe fine récoltée sur des plans Mitcham. Une rayure de sucre caramélisé est enfin appliquée qui l’adoucit.

Dans la poche

Empapilloté et conditionné en de jolies boîtes, ce bonbon dur rafraîchissant existe, désormais, en d’autres parfums.

Un peu d’histoire

Deux fabricants, Afchain et Despinoy, s’autoproclament chacun les inventeurs de cette friandise, née, selon eux, des suites d’une erreur de manipulation produite aux environs de 1850. Pour la marque la plus célèbre, Emile Afchain, apprenti confiseur chez ses parents, se serait trompé dans les proportions de la recette, ajoutant trop de menthe. Sa mère l’aurait réprimandé, lui repprochant d’avoir fait des “bêtises” en ratant ses bonbons… Or ceux-ci rencontrèrent un vif succès par leur fraîcheur ! Créée en 1830, la fabrique familliale fut reconnue officiellement seule inventeuse des Bêtises de Cambrai en 1889. Située en centre-ville, l’usine été modernisée et agrandie en 1985.
L’histoire est belle, mais ce serait oublier que la tradition bonbonnière de Cambrai remonte au moins au XIIIe siècle ! Ainsi, les petits bonbons cuits découpés aux ciseaux que l’on pouvait acheter dans les baraques de forains lors du grand marché mensuel aux bestiaux de Cambrai, parmi les étals de textiles et de produits alimentaires, devaient être ces… “bêtises” que s’offraient les chalands ! Le père Afchain eut sans doute l’idée d’améliorer ces bonbons en battant le sucre cuit pour l’aérer et en le parfumant à la menthe tout en l’adoucissant de sucre caramélisé.

Si la fabrication actuelle est devenue industrielle, la bêtise reste au plus près de la tradition. Elle s’exporte dans le monde entier, et de nouveaux parfums sont venus enrichir la gamme, pomme verte, framboise, orange, citron, violette… tutti fruti ! Mais la menthe reste le parfum fétiche.

1 Ainsi il existe une bêtise de Douai, une sottise de Valenciennes (voir article dans le chapitre Nord-Pas-de-Calais), et une sottise de Lille.

Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.

A propos du membre

Frédéric Zégierman Valence (26000)

Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.

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Les terroirs de la bêtise de Cambrai