La châtaigne corse

Corse

Aucun commentaire Catégorie : Fruit

Description

La châtaigne corse, dont une bonne part provient du pays de la Castagniccia (auquel elle a donné son nom) et du Cortenais, s’inscrit parmi les grandes productions emblématiques de l’île.

Une cinquantaine de variétés de cet arbre nourricier sont répertoriées sur l’Île de Beauté, chacune apportant ses nuances de couleur, de calibre ou gustatives : campanèse, rossa, niela, gentile… La récolte s’effectue en octobre-novembre. Une partie de la production partira pour la meunerie (voir à farine de châtaigne corse).

Dans l’assiette

Fraîche ou en farine, la châtaigne revient en force dans la cuisine insulaire : grillée, en soupe, en bouillie (voir pulenda), en ragoût, en pâtisseries (gâteau, beignet, crêpe et flan à la châtaigne) et confiseries (marron glacé, crème et purée de marrons, confiture), en liqueurs.

Un peu d’histoire

En Corse, “l’arbre à pain” a mérité son surnom durant des siècles, protégeant les populations des famines. Si le châtaignier est implanté ici depuis la préhistoire, sa culture extensive débute au XIIe siècle. Ce sont les Génois qui inciteront les insulaires à la développer à une échelle supérieure pour pallier aux disettes. Vers la fin du XVIIe siècle, on estimait qu’un pied de châtaignier nourrissait convenablement une famille pendant un mois… La châtaigne servait aussi de monnaie d’échange et à faire valoir sa richesse. Ainsi, dans le canton d’Alesani, la famille de la mariée se devait d’honorer ses hôtes avec une vingtaine de plats à base de farine de châtaigne.

A la fin du XIXe, les plantations couvraient environ 33 000 hectares pour une production annuelle de 3 000 tonnes de châtaignes et de marrons. Après un long déclin au cours du siècle suivant, notamment suite à l’hémorragie démographique provoquée par la Première Guerre mondiale, une reprise s’amorcera.

Et en ce début de XXIe siècle, la production atteint les 1 200 tonnes annuelles (dont 85 % sont destinées à la meunerie). A cette estimation doivent se rajouter les quantités considérables de châtaignes servant à l’alimentation des porcs et des bovins… Ainsi la Corse apparaît-elle comme l’une des premières régions productrices de châtaignes françaises après l’Ardèche1. La filière castanéicole corse reste l’activité dominante pour deux à trois centaines d’exploitations agricoles (les castanéiculteurs complétant plus ou moins leur revenus par l’élevage des porcins, bovins, ovins, et caprins, l’apiculture, le maraîchage, la sylviculture, le tourisme, sans oublier la fabrication des salaisons). Les exploitations castanéicoles se situent en zone de montagne dans des espaces qui sans cette activité, retourneraient à l’abandon. Cependant la filière souffre d’un cruel manque de moyens face à certaines difficultés (divagation d’animaux entraînant des dégâts dans les vergers, persistance de certains parasites et maladies de l’encre et du chancre).

Une foire à la châtaigne se déroule à Bocognano, en décembre.

1 Détails supplémentaire sur la châtaigne, voir notamment à châtaigne d’Ardèche (Rhône-Alpes).

Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.

A propos du membre

Frédéric Zégierman Valence (26000)

Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.

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Les terroirs de la châtaigne corse