Le congre

Bretagne

Aucun commentaire Catégorie : Poisson

Description

Le congre, familier sur le littoral breton, est un poisson anguilliforme des plus impressionnants avec son apparence profilée, gouvernée par une tête au museau allongé, à la gueule fendue, aux mâchoires munies de dents pointues, au corps arrondi et qui va s’amenuisant jusqu’à la queue dans un falbala de nageoires. Sa peau est nue, dépourvue d’écailles et varie d’une tonalité blanc sale à grise et jusqu’au noir pour le congre de fond. Si il mesure un mètre en moyenne et pèse une dizaine de kilogrammes, certains spécimens surpuissants atteignent 3 mètres de long et les femelles pèsent jusqu’à 65 kilogrammes ! Ce poisson d’une voracité légendaire (capable de dévorer son poids en poisson par jour) est l’hôte des eaux profondes (il se reproduit dans la mer des Sargasses). Il affectionne les cavités, où il s’immobilise, guettant ses proies.

La pêche au congre, qui s’étale sur toute l’année, se pratique à la palangre (une ligne équipée d’une centaine d’hameçons appâtés de sardines, maquereaux, tacauds, vielles et autres chinchards, frais et saignants) que les pêcheurs professionnels posent dans les zones rocheuses à la tombée de la nuit et viennent relever au matin. Certains pêcheurs occasionnels apprécient la pêche au congre pour les sensations qu’elle procure, car l’animal en se débattant fait preuve d’une résistance assez ahurissante. En Bretagne, sa chair, toujours très estimée, se prépare en ragoût et en daube avec des pommes de terre (daube de congre), ou bouillie avec des petits pois, ou avec du cidre (voir congre au cidre à la dinardaise), ainsi qu’en soupe (voir soupe à la tête de congre).

Le congre qui, de nos jours, ne représente plus qu’une part mineure des prises en Bretagne, a tenu un rôle considérable durant des siècles. Au Moyen Âge, des sècheries établies le long des côtes permettaient de conserver ce poisson et d’assurer des expéditions lucratives en divers points du royaume et même à l’étranger. Rien qu’au Cap Sizun (Cornouaille), on recensait, en 1547, près d’un millier et demi de pêcheurs spécialisés dans la pêche au congre, au merlu et au lieu ! Le déclin de cette activité s’est amorcé au début du XIXe siècle, mais pas celui des gourmets. Une part des quelque 2 000 tonnes pêchées annuellement alimente le marché du frais, l’autre celui de l’exportation, notamment vers l’Italie.

Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.

A propos du membre

Frédéric Zégierman Valence (26000)

Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.

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Les terroirs de congre