L'oie de sougéal

Bretagne

Aucun commentaire Catégorie : Volaille

Description

Autre appellation : oie du Couesnon.

A Sougéal, commune bretonne accolée à la Normandie, placée entre la région d’Antrain (nord-ouest du Coglès, dans le pays de Fougères) et le pays de Dol (nord-est du pays de Dinan), l’élevage principal concerne les bovins et les porcins, mais aussi les fameuses « oies à rôtir ».

L’originalité de ces oies, surnommées « ventres-jaunes », du fait de leur abdomen traînant dans la vase, résulte de l’association entre une race locale et un milieu spécifique : les 300 hectares de marais alimentés par le Couesnon servant de pâturage. Moyennant une redevance annuelle fixée par le conseil municipal, les oies peuvent s’y rendre à longueur d’année. Par contre, un arrêté fixe des dates de fermeture pour les chevaux et bovins, inhérentes à l’inondation des marais par les crues de la rivière. Les oies, baguées par leurs propriétaires, se nourrissent exclusivement d’herbes. Deux ou trois semaines avant leur abattage, elles quittent le marais pour un engraissement au grain.

Cette petite oie de Sougéal, au plumage blanc, abattue à environ six mois, à un poids de 3 à 4 kilogrammes, possède une chair ferme qui se découvre sous diverses interprétations : rôtie, en civet ou en daube, en rillettes etc.

Les oies de Bretagne figuraient parmi les grands produits gastronomiques de la région au XIXe siècle. Celles de la vallée de la Rance et du Cap Fréhel jouissaient, semble-t-il, d’une excellente réputation. Quant à celles des bords du Couesnon, elles pâturaient sur les communaux des marais, en même temps que les vaches et chevaux. La vente d’une partie d’entre elles assurait à la ferme un revenu supplémentaire. Quelques autres étaient réservées pour les fêtes de fin d’année et les repas clôturant les travaux de battage.

Dans l’Entre-deux-guerres, on relevait une trentaine d’élevages d’oie au village de Sougéal, tournés vers la production de duvet. L’éleveur plumait ses palmipèdes quatre fois l’an et allait vendre le duvet au marché de Pontorson, une ville normande à 6 kilomètres de là.. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, cet élevage périclita, le duvet se voyant concurrencé par le synthétique. Toutefois, dans les années 1980, la production d’oies grasses fut relancée, touchant également les oies fermières n’allant pas au marais.

S’ils ne sont qu’une poignée d’éleveurs de « ventres-jaunes », leurs troupeaux d’oies s’ébattent à nouveau dans les marais. Pour raviver la flamme, depuis 1987, le dernier dimanche de juillet, la Fête de l’Oie de Sougéal et Vieux-Viel rassemble des milliers de participants lors d’une kermesse, où l’on se régale, bien sûr, d’oies « made in Bretagne » !

Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.

A propos du membre

Frédéric Zégierman Valence (26000)

Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.

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Les terroirs d'oie de Sougéal