Dans les Alpes du Nord, le Champsaur s’appuie sur le Drac supérieur, ample vallée verdoyante s’élevant à plus de 1 000 mètres d’altitude, teintée d’influences méditerranéennes.
Dans le bas-Champsaur (en aval de Saint-Jean-Saint-Nicolas), terminaison méridionale du sillon alpin séparant les Grandes Alpes des Préalpes, la vallée (en auge) évidée dans les schistes, forme une plaine tapissée d’argiles et d’alluvions fertiles. L’agriculture et l’élevage maintiennent le caractère campagnard de cet inattendu bocage de montagne (dont les larges mailles des haies protègent de la bise violente), ponctué de gros bourgs qui « s’émiettent » en hameaux, puis en écarts. De longues fermes aux encadrements en pierre de taille, des chapelles, des châteaux, des maisons fortes et de nobles demeures dénotent l’opulence que connurent ces terroirs.
Plus montagnard, le haut-Champsaur est formé du Drac Noir, aux versants modérés taillés dans le grès et le flysch, aux pentes douces, herbeuses, favorables au ski, du Drac Blanc (ou Drac de Champoléon) qui a entaillé les terrains cristallins de larges versants et, enfin, de la Séveraissette qui s’écoule dans le gneiss. Si l’on ajoute le Valgaudémar, au nord, séparé par une série de sommets dépassant les 2 500 mètres, l’ensemble atteint 750 kilomètres carrés.
À l’heure actuelle, l’agriculture (pomme de terre, fraise, framboise, céréales, cultures fourragères) reste conditionnée par une forte présence de l’alpage, avec une augmentation du cheptel ovin (bovin également). Autres secteurs d’activités : laiterie, fromagerie, scierie, climatisme, tourisme vert, ski, alpinisme.
Centre du Champsaur, Saint-Bonnet, l’ancienne capitale du duché de Lesdiguières, presse ses toits bruns, couronnés de girouettes, autour de son clocher.
Gastronomie
Spécialités : tourton, raviole, oreilles d’âne, flouzon (tourte aux pommes de terre et lardons), gigot d’agneau, gratin dauphinois (voir région Rhône-Alpes), crouzet1, fromages (tomme du Champsaur, champoléon).
Desserts : tarte du Champsaur (fourrée aux pruneaux, aux framboises, aux abricots, etc.), tourtons aux pruneaux ou à la compote de pomme.
Le Valgaudémar s’établit le long d’une humide vallée, où bondissent les eaux redoutables de la Séveraisse, emprisonnée entre les parois du massif des Écrins (adret rocailleux et ubac en partie couvert de hêtres, de sapins et d’épicéas). Le bas Valgaudémar présente une physionomie moins oppressante, bocagère, avec ses rideaux de peupliers, ses bouquets d’arbres, de coquets villages. La flore (rhododendrons, gentianes, lys orangés, lys martagon, ancolie des Alpes, trèfle rouge, centaurée des montagnes, géranium des bois…) et la faune (chamois, marmotte, lièvre variable, tétras-lyre, perdrix, bartavelle, aigle royal) font du Valgaudémar un paradis de la nature, prisé des alpinistes. La vallée conserve les traces de l’exploitation de ses mines (plomb, argent, fer, cuivre) et carrières (marbre, ardoise, talc, albâtre). L’énergie hydraulique anima plusieurs moulins (produisant huile de noix, noisette, blé).
1 Petites pâtes faites à la main (roulées, découpées en dés, ébouillantées dans de l’eau salée, puis accommodées avec de la crème fraîche et du gruyère râpé) à rapprocher du crozet, voir à région Rhône-Alpes.
Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.
A propos du membre
Frédéric Zégierman
Valence (26000)
Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.
