Le Léon déploie un long plateau granitique (de 80 kilomètres pour 30 kilomètres de large), au nord-ouest de la péninsule armoricaine, à peine vallonné, mais entaillé profondément d’abers (aber Benoît, aber Wrac’h, aber Lidut).
L’aspect sauvage de cette côte finistérienne, aux plages, aux dunes, aux roches, aux îles (île de Batz, îles d’Ouessant) battues par les vents et la mer contrastent singulièrement avec l’agriculture intensive de l’arrière-pays : élevage des vaches laitières (pie-noire et froment du Léon), cultures céréalières (maïs, blé) et fourragères, et, bien sûr, légumières. Nous sommes ici, en effet, au cœur de la « ceinture dorée », cette bande maraîchère qui enserre toute la Bretagne, de Dol-de-Bretagne à Nantes. Cet immense jardin, comme posé sur l’océan, doit sa fertilité à la légèreté de la terre et au climat adouci. L’éventail des productions est impressionnant : artichaut camus de Bretagne, brocoli, chou-fleur, chou pommé breton, oignon rosé de Roscoff, échalote de Jersey, carotte (dont carotte de sable de Santec), endive de Kerlouan, courgette, poireau, fenouil, navet, cerfeuil, persil, radis, concombre, salades (laitue, salade iceberg, scarole, frisée, rouge), asperge, tomate, petit pois, haricot vert, épinard, haricot blanc (coco de Paimpol), topinambour, pomme de terre primeur, échalote, oignon, lentin de Saint-Pol (shiitaké, un champignon), crosne du Japon, fraise de Plougastel et même des bulbes floraux.
L’intérieur des terres, buriné de minuscules rivières, se soulève progressivement en allant vers le sud des puissantes croupes gréseuses et schisteuses, plus boisées, des monts d’Arrée.
De manière générale, on distingue le Haut-Léon (les ¾ de la surface du plateau léonard), tourné vers la Manche et la Grande-Bretagne, qui comprend notamment le Pays Pagan et la région de Saint-Pol-de-Léon, et qui se termine à l’est par le pays de Morlaix (marquant la transition avec le Trégor), du Bas-Léon, tourné vers l’Atlantique, comprenant le pays d’Iroise et la région brestoise. La rade de Brest (bassin de 15 000 ha) s’enfonce profondément dans les terres, séparant le Léon de la presqu’île de Crozon (Cornouaille). Brest, ville militaire, totalement reconstruite après la dernière guerre, apparaît très joyeuse et vivante malgré son aspect « bétonné ».
Poissons du large (baudroie1, congre, lieu, maquereau…), coquillages et crustacés (tourteau, araignée de mer, étrille, crevette et langoustine, langouste et homard bleu breton, pouce-pied, oursin, bernique, coquille Saint-Jacques, palourde, praire et amande de mer, coque, couteau, huître de Bretagne) apportent leur diversité à une cuisine très typée, à l’image de ce vieux pays au folklore (chants, danses) et aux traditions religieuses vivaces (pardons, calvaires et enclos paroissiaux).
Spécialités : plateaux de fruits de mer, moules marinières, ragoût de berniques, morue à la brestoise, lotte à l’armoricaine, cotriade, soupe à la tête de congre, daube de congre, raie bouclée au beurre noisette, quiche bretonne, kig ha fars (voir aussi fars pod), rôti de porc au cidre, potée bretonne, choucroute bretonne, jambon de Morlaix, saucisse aux algues, pâté breton, tripes bretonnes, ragoût d’agneau d’Ouessant et gigot d’agneau à la bretonne (agneau de pré-salé breton), poulet au cidre breton, haricots blancs à la bretonne, soupe aux artichauts, soupe de chou-fleur, soupe au lait (miton rennais), lait ribot, lait, crème, beurre breton demi-sel, bouillie d’avoine, pain de Morlaix2, pain recuit, pain monsic, crêpe bretonne, far breton (aux pruneaux, au raisins, nature…), pouloud, farz buan, pastéchou, gâteau breton, quatre-quarts, kouign amann, galette bretonne et palet breton, miels dont miel de sarrasin. Jus de pommes, cidre breton, bière de Bretagne, chouchen, liqueur de fraise de Plougastel.
Ile de Batz
Séparée de Roscoff par un chenal de 2 km, l’île de Batz fait partie des îles du Ponant : longue de 3,5 km, large de 1,5 km, sa vingtaine de plages, sa ceinture d’écueils sur laquelle vinrent s’échouer les vaisseaux, ses sentiers, sa faune et sa flore riches et l’absence de voitures en font une villégiature romantique. L’intérieur de l’île, plat, assez dénudé, est couvert par une multitude de parcelles maraîchères (pomme de terre, chou-fleur, chou-pommé, salade, échalote, endive, tomate, fenouil) enrichies de goémon et favorisées par un micro-climat doux et océanique. Il reste quelques pêcheurs qui ramènent dans leurs filets de la raie, de la lotte et de la julienne. Certains traquent le homard et la langouste dans leur casier. A marée basse, une large portion de l’estran se découvre et Batz devient un repère de pêcheurs à pied.
1 Nom désignant également la lotte de mer. Baudroie, voir à région Languedoc-Roussillon.
2 Cousin du pain plié, mais de forme plus carrée et d’une pâte plus dense, car il n’est façonné que 20 ou 30 minutes avant sa mise au four.
Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.
A propos du membre
Frédéric Zégierman
Valence (26000)Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.