L’Entre-deux-Mers désigne cet immense plateau calcaire bordé par la Garonne et la Dordogne, « mers » car l’influence des marées s’y ressent. D’une altitude de 80 à 140 mètres, il est entrecoupé de petites vallées qui lui confèrent un aspect ondulé, contrastant avec les plaines alluviales des rivages. La variété des terroirs résulte d’un large échantillonnage de sols agglomérés au substrat calcaire (groies, terreforts, boulbènes, sables, graviers, argiles), donnant de tendres prairies comme de chatoyantes cultures, où prédomine la vigne, l’ensemble entrecoupé de lambeaux de forêts.
L’Entre-deux-Mers occidental est grignoté par la communauté urbaine de Bordeaux. À sa pointe nord, la presqu’île d’Ambès, au confluent de la Dordogne et de la Gironde, étale une sorte de marais (gibiers), fortement industrialisé (pétrochimie), porteur au siècle dernier de beaux vignobles sur ses palus.
L’Entre-deux-Mers central possède une végétation parfois luxuriante (dans le secteur appelé Benauge et dans le Créonnais). Ormes, noisetiers, tilleuls, chênes, hêtres, peupliers et aulnes le long des cours d’eau, fougères et ronces, alliés aux prairies et aux vignes, produisent un kaléidoscope de paysages. La partie orientale annonce, elle, le Marmandais et son arboriculture fruitière. Céréales et tabac empiètent sur la vigne, alors que le relief s’adoucit (pays de Pellegrue, pays de Monségur, Réolais). Au centre du plateau s’allonge une dorsale faite de dalles calcaires, ligne de partage des eaux entre la Dordogne et la Garonne.
L’Entre-deux-Mers septentrional annonce le Bergeracois. Il s’étend de Vayres à Sainte-Foy-la-Grande, sur les cantons de Brauzon, Pujols, sur le Rauzannais et le pays Foyen. La monoculture de la vigne y règne.
L’Entre-deux-Mers méridional (paré de vignobles) dresse son rebord calcaire escarpé sur la rive droite de la Garonne.
Cette nature riante constitue un havre inespéré pour les citadins prisonniers de la toile d’araignée géante tissée par la communauté urbaine de Bordeaux, d’autant plus que cette vieille contrée regorge de moulins, d’abbayes romanes et d’églises, de châteaux médiévaux ou Renaissance, de bastides et de bourgs typiques…
Sainte-Foy-la-Grande et La Réole en sont les localités principales.
Gastronomie
Produits et spécialités : friture d’anguille, lamproie, alose, escargots, gibier (grives… salmis de palombes…), confit de porc (voir enchaud), jambon à l’échalote, rillonnettes foyennes, gratton de Lormont, tricandille, volailles fermières, foie gras (foie gras du Sud-Ouest), pâté de foie gras truffé, confit de canard ou d’oie, cou d’oie ou de canard farci… viandes de bœuf de Bazas et de bœuf blond d’Aquitaine, souvent nappées de sauce bordelaise (entrecôte à la bordelaise), viande d’agneau de Pauillac, tourin bordelais (voir tourin blanchi), soupe au potiron, cèpe (cèpes à la bordelaise), girolle, asperge1, aillet, melon, pruneau (voir pruneau d’Agen), pomme, noix… cruchade bordelaise (voir cruchade à région Poitou-Charentes).
Pâtisseries : croquet de Bordeaux, galette des rois bordelaise, canelé, merveille.
Spiritueux : fine de Bordeaux.
1 Voir asperge des sables des Landes.
Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.
A propos du membre
Frédéric Zégierman
Valence (26000)Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.