La savoie propre

Rhône Alpes

Village de Savoie en haute saison
Village de Savoie en haute saison - http://www.location-vacances-france.com

L’appellation de « Savoie Propre » (au sens de Savoie « proprement dite ») désigne le noyau de l’ancien duché, puis royaume, devenu province : ensemble disparate de plaines et de montagnes autour de Chambéry, s’étendant entre les vallées du Rhône, de l’Isère et du Guiers.

Plusieurs unités physiques s’y distinguent : au nord-nord-ouest, le lac du Bourget et la Chautagne ; au nord-nord-est, le massif des Bauges, bordé au sud-est par la Combe de Savoie (vallée de l’Isère) ; au sud, les Entremonts ; a l’est, le Petit Bugey ; enfin, au centre, la cluse de Chambéry.

Capitale historique de la Savoie, Chambéry a préservé son rôle économique et culturel. Et il fait toujours aussi bon se perdre dans le lacis d’allées (passages sous les immeubles ressemblant aux traboules lyonnaises) du vieux Chambéry qu’arpenta Jean-Jacques Rousseau…

Massif des Bauges (micro région de la Savoie Propre)

Les Bauges sont un massif préalpin situé entre les massifs de la Chartreuse (côté Chambéry) et la chaîne de Belledonne, la Combe de Savoie (vallées de l’Isère et de l’Arly, de Montmélian a Albertville, séparant des massifs de la Vanoise et du Beaufortain), le massif des Bornes et la chaîne des Aravis, le lac d’Annecy et le lac du Bourget (Aix-les-Bains). Elles dressent un rempart continu de falaises rocheuses, hautes parfois de 1 000 mètres d’un seul jet, et portent leurs sommets entre 1 500 et 2 200 mètres, tandis que le centre (autour du Châtelard, le bourg principal) s’évide en une cluse traversée par la rivière Chéran. Plusieurs chaînons périphériques appartiennent aux Bauges, tels le Semnoz qui s’avance jusqu’à Annecy, ou le Revard.

Alpages et forêts occupent la majorité de ces espaces préservés, auxquels se mêlent prairies, pelouses sèches et alpines, mares et tourbières. Le Parc naturel régional du Massif des Bauges, créé en 1995, veille sur la richesse floristique de ce vaste territoire (1 600 espèces végétales recensées). La faune est tout aussi remarquable : chamois, mouflon, chevreuil, hermine… oiseaux (tétras lyre, aigle royal, perdrix bartavelle….), reptiles (comme le triton alpestre), insectes (rosalie des Alpes, apollon…).

Avec le tourisme, l’activité principale des Bauges demeure l’élevage laitier et la transformation du lait par les coopératives fruitières où les fermes (tome des Bauges1, gruyère des Bauges et emmental de Savoie, vacherin des Bauges, chevrotin des Bauges). La forêt, bien exploitée, fournit du bois de construction et de chauffage. Les plantes aromatiques et médicinales permettent de produire liqueurs, baumes, huiles, sirops, tisanes, apéritifs…

Petit Bugey (micro région de la Savoie Propre)

Isolé entre la chaîne de l’Epine, les Entremonts et les vallées du Rhône et du Guiers, le Petit Bugey (ou Bugey savoyard) rappelle par son nom qu’autrefois la Savoie s’étendait sur le Bugey. Depuis le traité de Lyon, seul ce morceau a été conservé.

Cette petite région, tardivement désenclavée et dépeuplée par les crises de l’industrie textile, a su tirer profit de son atmosphère bucolique (maisons rurales typiques), autant que de ses sites naturels (lac d’Aiguebelette, défilé de Pierre-Chatel, dent du Chat, etc…) pour séduire les touristes. Et le vignoble de Jonjieux produit d’agréables vins… Yenne, bourgade médiévale, est a l’image de cette paisible ruralité.

Entremonts (micro région de la Savoie Propre)

Situés au sud-ouest de la cluse de Chambéry et s’étendant jusqu’à la vallée du Guiers, les Entremonts correspondent a la partie savoyarde du massif de la Chartreuse (voir Grésivaudan). Prairies d’élevage et hameaux s’épanouissent au fond des vallées, tandis que sous les falaises la forêt déploie un épais manteau. Cette petite région concentre des sites naturels spectaculaires (gorges, cascades, cols panoramiques, etc.).

Lac du Bourget (micro région de la Savoie Propre)

D’une longueur de 18 kilomètres sur 3,5 de large au maximum, le lac du Bourget est le plus grand (44,5 kilomètres carrés) et le plus profond (jusqu’à 145 mètres) des lacs naturels français, exception faite du Léman, en partie suisse. D’origine glaciaire, il est bordé, à l’ouest, par les derniers contreforts du Jura méridional, avec la Chaîne de l’Épine (1 482 mètres) et sa Dent du Chat (1 390 mètres), et à l’est, par le massif des Bauges, dont le Mont Revard (1 538 mètres), ainsi que les douces montagnes de Cessens, de la Chambote, de Corsuet et la colline de Tresserve. Bien protégé des vents, ses sites romantiques (roselières, criques, plages) sont baignés par une eau aux couleurs changeantes.

D’un intérêt écologique majeur, ses roseaux offrent un abri aux oiseaux tels que le martin-pêcheur, le grèbe huppé, le courlis cendré… Les roselières sont aussi essentielles pour la survie et la reproduction de nombreux poissons. Les plus recherchés des pêcheurs approvisionnant les restaurateurs du pourtour du lac sont : le brochet, le gardon, la perche et le perchot, la lotte de rivière, la carpe et, surtout, hantant les grands-fonds, l’omble chevalier, le féra (lavert) et la truite (truite lacustre). Écrevisse également…

La grande spécialité attachée au lac est la friture de perchot.

Aix-les-Bains, cité thermale, aux riches villas et aux hôtels de luxe, conserve un vieux centre pittoresque avec ses commerces.

Chautagne (micro région de la Savoie Propre)

Au nord du lac du Bourget, la Chautagne forme un microcosme naturel isolé entre le Val de Rhône et les hauteurs (Gros Foug) de l’Albanais. Huit communes se partagent cette vaste plaine marécageuse, sillonnée de canaux et de tourbières, bénéficiant d’une douceur climatique hors pair. Champs de maïs, cultures fourragères, prairies d’élevage bovin, peupleraies et vignobles y prospèrent, aux côtés d’une flore et d’une faune remarquables.

Cluse de Chambéry (micro région de la Savoie Propre)

Prenant naissance a l’extrémité méridionale du lac du Bourget, la cluse de Chambéry s’étale en une plaine spacieuse entre les contreforts du massif des Bauges et les Entremonts, jusqu’à la Combe de Savoie, englobant ainsi Chambéry et son agglomération.

En dépit de son inquiétante urbanisation, elle conserve sa vocation agricole (céréales, oléagineux, prairies d’élevage de bovins). La vigne y produit des blancs, fruités et secs, parmi les meilleurs de Savoie : apremont, chignin, abymes… Et les châteaux, témoins de son opulence, y fleurissent.

Combe de Savoie (micro région de la Savoie Propre)

Section septentrionale du sillon alpin (large dépression fertile encaissée entre les massifs centraux des Alpes et des Préalpes correspondant aux vallées de l’Isère, de l’Arve et de l’Arly), la Combe de Savoie s’allonge en une généreuse vallée, d’Albertville au carrefour de la cluse de Chambéry. Située entre les massifs des Bauges et du Beaufortain, amorçant le couloir du Grésivaudan (entre les massifs de Belledonne et de la Chartreuse), on imagine combien la région fut un enjeu stratégique des siècles durant ! En témoignent, d’ailleurs, de nombreux châteaux.

Cette plaine longitudinale demeure essentiellement agricole : vergers, champs de tabac, maïs, vignes produisant des blancs (montmélian, cruet) et des rouges (mondeuse) accompagnant la raclette ou la fondue. On parle ici de la « route des vins de la Combe de Savoie ».

Gastronomie : fondue savoyarde, raclette savoyarde, pommes de terre farcies, raclette, tartiflette (ou péla), gratin savoyard, farçon (farcement), matouille, pâtes alimentaires (taillerin, crozet), polenta, matafan savoyard (crêpe a base de pomme de terre œufs, lard ; voir matefaim), soupe savoyarde, omelette savoyarde, cardons a la moelle et gratin de cardons (cardon), poireaux à la savoyarde…

Charcuterie (diot, pormonier, saucisson au genièvre, jambon à l’ancienne de Savoie), viandes (fricassée de caïon, noix de veau à l’aixoise), gâteau de foie,

Poissons des rivières et des lacs (omble chevalier, féra, truite lacustre… friture de perchot), écrevisse (poulet aux écrevisses), escargots, gibier (civet de lièvre), champignons (cèpes, truffes).

Beurre et fromages : emmental de Savoie, tomme de Savoie, tome des Bauges, sérac, tamié, vacherin des Bauges, chevrotin des Aravis (massif des Bauges), tomme forte de Savoie (fromage fort).

Fruits : pommes (dont reinette du Canada, Franc-roseau, croison, pomme fer, golden), poires.

Pâtisseries : gâteau de Savoie, rissole (rissole aux poires), Saint-Anthelme (meringue garnie d’une crème praliné-nougatine, inventée en 1957 par un pâtissier de Chambéry), tomme de Yenne (gâteau meringué), rioute, pain bénit et pain de safran (proches du bescoin), pain de Modane, brioche de Saint-Génix, bugne, tarte aux fruits (pommes, framboises, groseilles, mûres…), le Chambérien (gâteau avec pâte aux amandes et crème café).

Également : sabayon (désert originaire du Piémont, ancienne province des états de Savoie en Italie, prisé en Savoie), oeufs à la neige (jadis dessert traditionnel des repas de noces ou des fêtes religieuses, accompagné d’une brioche ou d’un gâteau).

Autres : confitures, miel de Savoie, huile de noix… Douceurs : truffe de Chambéry, tomme au chocolat.

Boissons et spiritueux : eau minérale d’Aix-les-Bains, sirops de fruit, bière artisanale savoyarde, marc de Savoie, vermouth de Chambéry, suédois, Bonal, liqueur de l’Abbaye d’Aiguebelle, liqueur de génépi.

1 Que l’on utilise pour réaliser la matouille.

Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.

A propos du membre

Frédéric Zégierman Valence (26000)

Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.

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