Le pays de Forcalquier dessine un carré de 830 kilomètres carrés : au nord, la montagne de Lure, derrière laquelle se profilent les cîmes neigeuses des Préalpes, fait face à la terminaison orientale du Luberon (voir pays d’Aigues), au sud, couverte de chênes rouvres ; à l’est, la vallée de la Durance paraît bien mutilée par l’autoroute, la nationale et la voie ferrée ; à l’ouest blanchissent les solitudes du plateau d’Albion (voir pays de Sault); au centre, le fertile bassin de Forcalquier pousse ses vagues calcaires à l’assaut de la Lure.
C’est une nature où chantent le grillon, le criquet et la cigale, craquante de lézards, de vipères, de couleuvres et d’insectes, parfumée au thym, au serpolet, à la sarriette, à l’hysope, à la menthe, tour à tour bleuissante de lavande, jaunissante de céréales, verdissante de prairies fleuries (orchidées, gentianes, coquelicots), s’assombrissant de forêts (chênes, buis, pins, hêtres, épicéas) roussissantes à l’automne. L’olivier, emblème de la Provence, y croît. Sur les zones siliceuses apparaissent châtaigniers, pins maritimes, bruyères. Ailleurs dominent la lande, la garrigue. Les fermes de ce pays (les « campagnes », qui se négocient à des prix record) se signalent par leurs jeux de toitures et par une cour autour de laquelle s’organisent bergerie, remise, caves, tandis qu’à l’étage une galerie, couverte d’un toit porté par des colonnes (le pountin), précède l’habitation.
L’exotique marché hebdomadaire de Forcalquier rassemble un peuple hétérogène, où plusieurs mondes se côtoient.
Gastronomie
Produits forcalquiérens : fougasses, charcuterie de pays, viande d’agneau (voir agneau de Sisteron), conserves de gibier, champignons (morille, cèpe, chanterelle, lactaire, oronge, truffe noire de Provence), fromages de chèvre (banon, cachaille), fruits (melon, cerise, amande de Provence, coing de Provence), olive, nougat blanc et nougat noir, croquets, pâte de coing, confitures, miel de Provence, huile d’olive, herbes de Provence, lavande et ses dérivés. Egalement : petit épeautre et blé meunier d’Apt. Boulangerie : fougasse.
Quelques spécialités : daube provençale, pompe à l’huile, gâteau des rois.
Boissons : jus de fruit, liqueurs1, pastis, hydromel.
La montagne de Lure, long épaulement calcaire culminant à 1 826 mètre, barre l’horizon provençal. Les sombres verticalités boisées (hêtres, chênes, érables, sapins, épicéas) du versant nord chevauchant la vallée du Jabron contrastent avec le flanc sud, embroussaillé d’épineux (génévriers) et d’aromatiques, que dévalent des rivières et que parsèment jas et villages aux maisons roses. Dès 800 mètres s’installent le chêne blanc, à 1 200 mètres et la hêtraie-sapinière, précédant vers 1 600 mètres landes et pelouses sommitales, enneigées l’hiver.
1 Liqueur de génépi, voir à région Rhône-Alpes.
Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.
A propos du membre
Frédéric Zégierman
Valence (26000)Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.