Le cédrat de Corse

Corse

Aucun commentaire Catégorie : Fruit

Description

Fruit emblématique de l’Île de Beauté, le cédrat de Corse revêt l’aspect d’un citron énorme, à l’ovale irrégulier et à la peau épaisse et bosselée, de couleur jaune pâle, exhalant un parfum subtil.

Le climat méditerranéen de l’île permet la culture de cette variété unique de cédrat doux (recherchée pour son absence d’acidité et la finesse de son arôme) affichant de 15 à 20 centimètres de diamètre, jusqu’à 25 centimètres de long, et pouvant peser plus de 2 kilos ! Les vergers de cédratiers, sensibles au gel, s’étalent dans la plaine littorale ou s’étagent en terrasses dans les zones accidentées, à une altitude ne dépassant pas 300 mètres. L’arbre, haut de seulement 3 à 4 mètres, déploie un branchage épineux où les fleurs restent présentes toute l’année. Pour éviter que les épines des branches ne blessent les fruits, on protège les cédratiers du vent par des haies de cyprès. La récolte s’effectue en automne, de septembre à novembre.

Dans l’assiette

Le cédrat est utilisé pour la préparation de pâtes de fruits et, surtout, de fruits confits (voir à cédrat confit), ainsi que de liqueur (cédratine). Plus rarement, on le retrouve en confiture.

Un peu d’histoire

Le cédrat1, qui appartient à la famille des Citrus et dont le berceau se trouve en Himalaya et en Indochine, sera le premier agrume à atteindre l’Europe. Cet ancêtre du citron fut rapporté de Perse par les Grecs au IIIe siècle avant J.-C.. En Corse, il serait arrivé au première siècle de notre ère dans les cales des navigateurs grecs et romains (certains historiens le voient arriver bien plus tard avec les Génois). Appelé localement alimea, alimia ou encore alimeia, le cédrat a le surnom de « pomme d’or », car, outre sa couleur, il représentera une source d’enrichissement considérable pour l’île. Cependant, au début, les autochtones réservèrent un accueil circonspect à ce fruit repoussant, à la chair acide, pépineuse et non juteuse dont même les cochons ne voulaient pas !

Au XIXe siècle, le cédrat (qui, confit, était un produit de luxe dont raffolait l’Europe entière) était en majeure partie cultivé en Italie. Mais une maladie décima les plantations et la Corse prit la succession. Les fruits récoltés, placés en saumure dans des tonneaux, étaient expédiés à bord de goélettes vers les ports de Livourne, Gênes et Marseille. Le cédrat de Corse, variété issue d’une mystérieuse mutation botanique, s’imposa mondialement grâce à la douceur de sa pulpe et à la finesse de ses arômes. Italiens et Français le confisaient et utilisaient son huile essentielle en parfumerie, tandis que les Anglais l’apprêtaient en marmelade. Les Juifs, eux, le consommaient lors de la célébration de la fête des Tabernacles. Si bien qu’à la fin du XIXe siècle, avec 45 000 tonnes annuelles, la Corse caracolait en tête de la production mondiale de cédrats… jusqu’à ce qu’une poignée d’insulaires émigrés à Porto Rico, au début du XXe siècle, emportant avec eux des greffons de cédratiers, ne fassent de cette île des Antilles l’un des premiers producteurs mondiaux. Désormais, la place réservée à cette production se compte en une ou deux dizaines d’hectares…!

1 “Cédrat”, car l’odeur qui émane de l’écorce du fruit évoque le cèdre, bien qu’il n’y ait aucune parenté botanique.

Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.

A propos du membre

Frédéric Zégierman Valence (26000)

Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.

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Les terroirs du cédrat de Corse