Description
La région alsacienne offre une large palette de milieux naturels, ce qui explique la variété des miels vendus sous la dénomination « Miel d’Alsace » : miel de sapin (à l’arôme résineux, récolté dans les Vosges et le Jura), miel de châtaignier (de couleur brun foncé, au goût très prononcé, un peu amer, récolté dans les boisements des collines sous-vosgiennes), miel d’acacia (liquide et clair, d’une saveur douce, récolté dans la plaine, le long des cours d’eau, des voies ferrées), miel de tilleul (à l’arôme prononcé, mentholé, et à la saveur un peu amère, récolté dans les forêts de plaine comme le massif de la Hardt et certaines agglomérations), miel de montagne (de couleur foncée, mélange provenant de fleurs de miellat de sapin), miel toutes fleurs (de couleur claire, récolté sur des fleurs d’arbres fruitiers, de buissons, de prairies ou aussi de cultures). A ces productions, se rajoutent le pollen et la gelée royale.
Ce miel alsacien se récolte selon des méthodes traditionnelles, ce qui optimise sa qualité. Si l’on recense près de 3 000 passionnés en Alsace, regroupés en des dizaines de syndicats, seulement une trentaine de ces apiculteurs sont des professionnels répertoriés. Les apiculteurs jouent un rôle essentiel, louant leurs ruches aux arboriculteurs ou aux maraîchers pendant les périodes de floraison, afin d’assurer la pollinisation et la fructification des cultures.
Le miel apparaît au petit-déjeuner et au goûter, étalé sur des tartines beurrées. En pâtisserie, il entre dans la composition des pains d’épices, beignets, gâteaux. Il fait merveille en cuisine, comme avec de la viande de porc, ou alors en dessert, avec des glaces. Il sucre et aromatise également les boissons chaudes.
L’apiculture est une très ancienne tradition en Alsace remontant à l’époque antique. Cette production prend de l’envergure au VIIIe siècle, sous l’impulsion des abbayes (Marmoutier, Munster, Lucelle). Outre pour sa consommation alimentaire, les anciens l’utilisaient comme pharmacopée. Depuis la dernière guerre, cet aspect connaît un regain d’intérêt : tous les miels possèdent en effet des vertus cicatrisantes, digestives, adoucissantes. En outre, le miel d’acacia est réputé anti-spasmodique, celui du châtaignier comme favorisant la circulation sanguine et jouant un rôle d’anti-fatigue et celui du tilleul comme aidant à l’endormissement et permettant de lutter contre l’obésité.
On estime que la production annuelle de miel d’Alsace dépasse tout juste les 700 tonnes (2% de la production nationale). Ce tonnage, relativement faible par rapport au nombre de producteurs, s’explique par la prédominance d’une apiculture artisanale et d’un grand nombre d’apiculteurs pluriactifs.
Depuis 2005, une IGP (Indication Géographique Protégée) protège le miel d’Alsace. Désormais, l’inquiétude des apiculteurs Alsaciens rejoint celui de leurs collègues français et mondiaux à propos de la diminution inquiétante des colonies d’abeilles. Engrais chimiques, parasites, mitage urbain, les causes semblent multiples.
Auteur F. Zégierman, relecture Keldélice.
A propos du membre
Frédéric Zégierman
Valence (26000)
Frédéric Zégierman a consacré sa vie à sillonner l'Hexagone pour aller chercher sur le terrain sa propre vision géo-ethnographique. Il est l'auteur de livres, de dossiers et d'articles pour magazines. Il réalise également des circuits atypiques pour les autocaristes. Le Guide des Pays de France (volumes Nord et Sud, publiés chez Fayard en 1999) est le premier ouvrage a avoir inventorié, étudié et cartographié l'ensemble de ces unités sous leurs divers aspects.
